Le système Echelon

 

Le système Echelon, sous couvert de motifs louables comme la défense et la sécurité nationales, représente une des formes les plus poussées de tentative de contrôle de l'information au détriment de chacun.

 

Les Etats-Unis sont-ils désormais si puissants qu'ils ne craignent plus les réactions de leurs alliés européens ? Il avait fallu l'obstination d'un chercheur néo-zélandais, Nicky Hager, pour dévoiler l'existence d'un formidable réseau de surveillance planétaire, le système Echelon, en place depuis les années 80... Son enquête exposait en détail, pour la première fois, comment l'Agence de sécurité américaine (National Security Agency, NSA), un des organismes américains les plus secrets, surveille, depuis presque vingt ans, l'ensemble des communications internationales .

 

Avec un budget annuel de 26,7 milliards de dollars - autant que pendant la guerre froide -, les services de renseignement américains sont les mieux dotés de la planète. Des alliances stratégiques et une technologie puissante leur permettent d'espionner de maniére routinière téléphone, fax et courrier électronique dans le monde entier.

 

Echelon est le produit du pacte Ukusa, signé au tout début de la guerre froide par les Etats-Unis et le Royaume-Uni - qui furent rapidement rejoints par le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'écoute et l'analyse routinières des conversations téléphoniques, fax et courriers électroniques permettent de rapporter vers la National Security Agency (NSA) américaine quantité d'informations, secrètes ou non, concernant l'ensemble des domaines d'intérêt stratégique : données économiques, stratégies des décideurs, milieux concernés par tel ou tel enjeu, etc.

 

La clé de l'interception, repose sur de puissants ordinateurs qui scrutent et analysent ces masses de messages pour en extraire ceux qui présentent un intérêt. Les stations d'interception reçoivent les millions de messages destinés aux stations terrestres légitimes et utilisent des ordinateurs pour dénicher ceux qui contiennent des adresses ou des mots-clés préprogrammés. Adresses et mots-clés que les services de renseignement s'échangent sous forme de "dictionnaires" reflétant leurs préoccupations du moment. Il suffit que des mots comme terrorisme, drogue, guérilla, ou des noms comme Castro, Kadhafi, Saddam Hussein, etc. soient émis pour que la communication entière soit identifiée, retenue, analysée. Un peu à la manière des moteurs de recherche sur Internet, ces "grandes oreilles", munies des meilleurs systèmes automatiques de reconnaissance vocale, de lecture optique et d'évaluation des contenus, sélectionnent les communications à surveiller. Duncan Campbell précise toutefois que, si les ordinateurs de la NSA sont en mesure de reconnaître automatiquement les locuteurs lors d'une conversation téléphonique, ils ne sont pas encore capables d'en retranscrire le contenu.

 

Au fil des découvertes se dessine une formidable machine de contrôle, secrète et d'une envergure fascinante. Au Parlement européen se posait une question centrale : les échanges de données pratiqués par les services de renseignements d'un pays membre de l'Union (les services britanniques principalement) peuvent-ils conduire à l'espionnage des citoyens et des entreprises européennes pour le compte de services américains ? A Washington, le Congrès s'interroge sur la surveillance par la NSA de citoyens américains - une pratique qui serait contraire à la Constitution. Qui espionne qui et au nom de quoi ?

 

 

[ Censure ] - [ Echelon ] - [ Piratage ]